La connaissance du terrain, sujet très cher à la naturopathie, s’inscrit dans une démarche causaliste. Une démarche qui privilégie la recherche et la prise en charge de la cause plutôt que la mise en place de méthodes et de « remèdes » qui suppriment le symptôme.
Le symptôme, quel qu’il soit, et qu’elle qu’en soit l’intensité, est une sonnette d’alarme qui nous invite à réfléchir sur le fait que quelque chose qui ne fonctionne pas en harmonie avec le reste. La seule suppression du symptôme entraîne un soulagement temporaire mais favorise le déplacement du problème, car la cause qui le génère n’a pas été traitée : c’est ce que l’on appelle le phénomène du transfert morbide.
Mais qu’est-ce que c’est le terrain ?
Si l’on prend en compte un terrain agricole, sa constitution unique et particulière permettra à certaines plantes d’y vivre tandis que d’autres ne le pourront pas car elles ne trouveront pas tous les éléments nécessaires à leur survie dans la composition physico-chimique du terrain.
De même, le terrain humain caractérise chaque individu et seule la connaissance de sa nature permettra au thérapeute de comprendre pourquoi un certain dérèglement s’est installé.
Les éléments constitutifs de chaque individu qui définissent la particularité de son terrain sont le résultat de la conjonction des éléments hérités (l’inné) et des éléments acquis. Certains des éléments inscrits dans l’information génétique se transforment tout au long de la vie et évoluent selon notre vécu. C’est ce que l’on appelle l’épigénétique.
Parmi les éléments constitutifs de l’inné on retrouve les constitutions (typologies de Vannier). Parmi les éléments acquis on retrouve les diathèses de Ménétrier. Enfin, parmi les éléments issus de la conjonction entre l’inné et l’acquis on retrouve les tempéraments hippocratique et les typologies glandulaires.
A travers l’anamnèse, le naturopathe utilise ces grilles de lecture pour arriver à connaître la nature du terrain de l’individu.
La constitution (typologies de Vannier) reflète les réserves minérales d’un individu et prédispose à des sensibilités physiologiques spécifiques et à des évolutions pathologiques particulières.
La diathèse nous indique plutôt l’aptitude de l’individu à s’adapter à la vie.
En ce qui concerne le tempérament hippocratique, on considère que l’énergie qui anime chaque individu porte la signature d’un élément naturel (eau-air-feu-terre) et s’exprime à travers les humeurs (la lymphe – le sang – la bile – les hormones).
La typologie glandulaire donne quant à elle l’information sur le type d’énergie sur laquelle s’appuie l’individu à un moment donné de sa vie.
La connaissance de tous ces éléments qui constituent le terrain du patient permet au naturopathe de faire levier avec des méthodes naturelles sur les spécificités de la personne, en vue de rééquilibrer son terrain et de laisser s’exprimer sa force vitale auto-guérisseuse.
Les autres éléments qui définissent le terrain et qui sont investigués par le naturopathe concernent le vécu psycho-émotionnel, les antécédents familiaux et le parcours de vie.
Par quoi le terrain est-il influencé ? Pourquoi perd-il sont point d’équilibre ?
Les causes exogènes qui peuvent participer à la modification du terrain sont l’alimentation, les traitements passés ou actuels, de synthèse ou naturels et l’environnement.
Les causes endogènes sont plutôt liées à l’activité métabolique de chaque individu. Si cette activité est perturbée, des dysfonctionnements fonctionnels peuvent apparaître et évoluer vers des lésions si le terrain n’est alors pas rééquilibré.
Que se passe t-il lorsque le terrain est perturbé ?
Une première modification du terrain est due à une surcharge des humeurs. A ce stade, les manifestations (les symptômes) sont plutôt légères et le retour au point d’équilibre est facile à parcourir.
Si cette phase est négligée, l’instauration des troubles fonctionnels est au rendez-vous : les fonctions des organes sont perturbées. Si aucune prise en charge n’est actée, les troubles lésionnels se manifestent au niveau des organes, puis un détournement du système immunitaire (maladies auto-immunes) ou encore une cancérisation peuvent apparaître.
La mission de la naturopathie est une mission de prévention visant à maintenir en équilibre le terrain spécifique de chaque individu. La recherche de la genèse de la maladie est la principale ligne de conduite de la naturopathie, qui vise non pas à chercher à la combattre, mais à agir sur les causes qui ont déséquilibré le terrain et la prise en charge de la PERSONNE.
La maladie est l’effort que fait la Nature pour guérir l’homme. Car elle renferme l’or véritable qu’il n’a trouvé nulle part ailleurs.
C. G. Jung